La maison de Mirka

Tôt ce matin la, Merwyn arriva a la demeure de Mirka. Il lui avais fallu se renseigner auprès de voisins ou habitait la gouverneure. Sous son bras, un panier recouvert d'un linge, elle frappa a la lourde porte de la propriété. Ne recevant pas de réponse, elle en poussa l'épais battant et pénétra dans la cour. Aucun son ne venant de ce qui semblait être l'atelier, elle alla donc actionner le heurtoir de la porte d'entré.

Coucou ...Mirka.... J'aie une petite surprise pour toi.

Puis elle attendit que sa marraine lui réponde, tout en regardant d'un œil sceptique les divers prototypes de ce fameux sidekar posés contre le mur.

En attendant que quelqu'un vienne lui ouvrir, Merwyn voit arriver un coq qui picore deux fois après sa botte. Son inspection terminé, il s'éloigne a nouveau. La jeune tribun as un sourire en se rappelant la disparition du gallinacé de son voisin apparemment emporté par un renard. A l'interrieur une petite voix appelle sa maman et peu de temps après Mirka apparais dans l'encadrement.

Ho ! Merwyn ! Quelle bonne surprise ! Si tôt le matin, je ne m'attendais pas à te voir. Mais entre !

Suivant la gouverneur, elle referme l'huis et poursuis jusqu'à la cuisine. Elle lui laisse le temps de préparer le déjeuné de son ainée avant de lui tendre le panier , le gardant hors de vue de l'enfant a laquelle elle dis bonjour avec un large sourire.

Que veux-tu boire fillote ? Du thé ? Du lait comme Ange ? Je dois avoir de la prune ou de la bière aussi... Enfin, je te sors ce que tu veux. Maëlys dort encore au fait et Anderg est déjà parti, nous sommes donc seules avec les petites.

Une tasse de lait serais bien. Je préfère ne pas commencer avec de l'alcool si tôt le matin. Faut croire que sainte Boulasse m'as a la bonne malgré tout. Je te rapporte comme promis de quoi alimenter ta soirée prochaine. En relevant mes collets ce matin j'y ais trouvée quatre splendides lapins de garennes. Je te propose de les faire mariner dans du vin avec deux oignons, du laurier et des clous de girofles. De la marinade tu pourras tirer une sauce ...mmhhh. Sur un petit lit de navets et avec quelque épis de maïs grillés ce seras parfait. Et si tu as pensée a faire secher quelque champignons l'automne dernier ce serait le clou.

La jeune bourganiaude jette un œil sur la décoration et l'aménagement du lieu.

Dis ... j'aie vue tes prototypes dans la cour. Faudra vraiment que je passe un jour te donner un coup de main. Je voulais aussi te demander s'il restait a ton homme quelque chutes de tissus... de quoi me confectionner des rideaux et une couverture en les cousant bout a bout.

Merwyn prend la tasse que lui tend Mirka et s'assied a la table a coté d'Ange. Pendant que la maitresse de maison vas ranger les lapins , elle regarde la petite se régaler de ses tartines. Un jour, se dit elle , elle auras sans doute aussi un petit bout de chou comme ça. Quand sa marraine revient et s'installe en face d'elle , elle lui dis:

S'il en reste tu pourras en faire un casse croute a Anderg, comme ça il profiteras aussi un peu de la soirée. Pour ce ce qui est du coup de main .. dis moi quand cela t'arrange.

La gouverneure lui parle ensuite de l'atelier de tisserand et la, la jeune femme sent une légère oppression.

Tu sait, en tant que simple paysanne, je n'aie pas mes accès au château. Ce n'est pas un endroit pour moi ça. Je n'y ais jamais mis les pieds.

Souriant a la description qu'en fait Mirka, elle ajoute

Faut bien qu'il y ais un revers a la médaille. Sinon ce ne serait pas juste. On dirais que la grandeur se paye par une part d'inconfort. Et personnellement je n'aimerais pas devoir faire le ménage la dedans. Mais je suppose qu'il y as des domestiques pour ça. A propos de domestiques. Ton homme m'as demandé si je ne voulais pas entrer a son service. J'aie déclinée son offre. Au fait ... que deviens Floralys ? Je me rappelle ton coup de sang quand tu l'as vue. Et je t'avais proposée de la loger le cas échéant. J'aie pas bien, compris ce que c'était cette embrouille. C'est quoi cette histoire de Lastrie je sait pas quoi ?...

Au fur et a mesure que Mirka lui explique les tenants et les aboutissants de cette histoire, Merwyn se rend compte de l'ampleur du problème. Cela lui fait froid dans le dos.

bon... si j'aie ramenée ma fraise, c'est parce que je n'admettais pas que l'on puisse imposer a une pauvre amnésique un prénom qui ne lui plaisait même pas. Floralys, elle l'as choisie elle même. Voila pourquoi je la nomme ainsi. Et si j'aie proposée de l'héberger c'est pour la soustraire a une situation que je réprouve, pas pour me faire éventuellement bien voir. Surtout que c'est ce vicomte qui la soigne a l'aide de potions étranges dont elle ne sait pas ce quelles contiennent. Et ce Dragonnet devrais l'avoir également reconnue. Se pourrait il qu'ils la garde a l'abri d'adversaires politiques éventuels en couvrant ainsi son identité? Car qui prendrais garde a une simple servante. Elle serais sans doute plus a l'abri chez son époux .
Dame Auxanne l'as également vue et devrais savoir qui elle est. Et j'en aie aussi parlée a notre maire qui as fait comme s'il ne savait rien. Mais j'aie comme un doute. Enfin bon j'y comprend rien a ce truc. Le monde de la politique et de la noblesse ...y as de quoi devenir paranoïaque.
Pour en revenir a des choses plus terre a terre et a ma portée. Tu peut voir ça pour les chutes de tissus? Tu pourras passer me les rapporter chez moi. Je suis en train de restaurer quelques meubles qui trainaient dans la grange du voisin et qu'il as bien voulu mettre a ma disposition. Je compte sur toi aussi pour le bal du printemps samedi prochain. Toi aussi tu pourrais te présenter au titre de miss Bourganeuf.
Mon premier bal ... j'aie hâte d'y être. J'espère qu'il y auras un peu plus de monde que pour le puzzle.

Alors que Mirka lui répond quelle n'est pas sure de vouloir participer a l'élection, un frisson parcourt Merwyn

Eh oh ... pas de blagues hein. Si je me présente c'est surtout pour qu'il y ais des participantes entre lesquelles choisir. Si d'autre ville font leurs propres élections comme nous leur avons suggérés avec Gladriel, il y auras une finale pour le titre de mis Limousin. Alors me laisse pas seule sur l'estrade. d'une, si déjà, je ne tient pas a gagner parce que je serais la seule a m'être présentée, et de deux je ne tient pas vraiment a gagner tout court... de toute manière, je n'y crois guère. Il y as des femmes autrement plus belles que moi et plus charismatiques.
Bref ... je vais te laisser a ton ouvrage et a ta famille. J'aie de mon coté encore pas mal a faire aussi. Tu verrais le vaisselier que je suis en train de passer a la cire chaude... une merveille.

Merwyn sourit en entendant les propos de Mirka

Arff... sieur Naja a attrapé la première personne éveillée qu'il as trouvé quand dame Testie a décidée de suivre son époux. Mon sois disant charisme n'as rien a y voir. Il fallait rapidement quelqu'un pour s'occupper des nouveaux arrivants. Et effectivement ça ne faisait pas deux mois que j'étais arrivée. Et pour tout te dire , j'étais paniquée la première fois que j'aie mis les pieds dans le bureau.

- Ma chérie, tu dis au revoir à tata Merwyn ?

Ce nouveau titre fit sourire la jeune tribun de plus belle. La petite Ange lui colla un bisou plein de confiture sur la joue. Merwyn lui en fit un en retours, puis alla faire la bise a sa marraine, s'arrangeant pour tourner la tête juste assez pour que celle ci profite également de la confiture. Elle lui fit un sourire espiègle avant de s'en retourner chez elle.

Sachant sa marraine enceinte et surmenée a cause du manque de soldats dans la garnison de la ville et Anderg en retraite dans le proche monastère, Merwyn décide d'aller voir comment elle se porte et lui prêter une main secourable.

Tôt ce matin, elle se rend donc a son domicile. Une fois dans la cour, elle frappe a la lourde porte puis met a profit le temps que mettras sans doute la futur maman a ouvrir pour collecter et plier le linge qui a séché sur la corde suspendue en travers du patio avant de le déposer dans le panier prévu a cet effet et posé contre le mur.

Le coq de la maisonnée est venus a son habitude inspecter la visiteuse et après trois quatre coup de bec a ses bottes s'en est retourné dans sa basse cour.

Sa charge sous le bras, la jeune femme reviens a la porte et appelle d'une voix joyeuse

Mirka ... de la visite ...

La poignée s'abaisse doucement. La porte s'entrebâille puis un raclement. Pousant lentement de son coté. Merwyn l'ouvre un peu plus. La frimousse barrée par un large sourire, Ange l'accueille.

- Bonjour tata Merwyn ! ...Ho ! Mais pourquoi tu as pris nos vêtements ?

L'enfant voulais s'élancer mais s'arrête dans son élan. La jeune femme se baisse pour l'embrasser et lui murmure en repoussant le petit tabouret qui avais du servir a la petite pour atteindre le loquet

Je ne les prends pas, je les aie juste rassemblés.

Arrive derrière une Mirka rayonnante qui la salue a son tour. Alors que celle ci se penche pour la biser, elle remarque le panier et c'est l'œil humide qu'elle dit

- Ho... Merwyn. Il ne fallait pas... C'est... C'est tellement généreux !

La tribun balaye l'argument de la main.

Tu me disait hier que tu manquais de temps entre ton travail de gouverneur, de mère et le reste et je t'aie répondue que je t'aiderais ...Donc me voila.
Ce que je te propose c'est d'aller habiller ta fille avant qu'elle ne prenne froid et pendant ce temps je prépare le petit déjeuné. Ensuite nous verrons ensemble en quoi je puis t'être utile tout en pliant le linge. Et pas de discutions ...En avant.

Merwyn affiche un sourire espiègle. Donner un ordre a une gouverneur...cela ne lui étais jamais arrivée.

En avant.

Mirka écarquilla les yeux un instant, puis sourit doucement. Elle se pencha vers Ange et lui attrapa la main.

- Tata Merwyn va préparer ton petit-déjeuner pendant que tu t'habilles, tu es d'accord ?

La fillette regarda à tout de rôle les deux adultes puis finit par hocher la tête en souriant. Sa maman l'entraîna en direction de l'escalier et bien vite la petite lui lâcha la main pour mieux courir dans la montée. Elle se retrouva bientôt dans sa chambre où elle ouvrit l'armoire en attendant que Mirka arrive.

- Alors... marmonna celle-ci pour elle même en s'approchant des vêtements de sa fille.

Bientôt, Ange fut habillée, par dessus ses bas, d'une petite jupe verte et d'un joli haut assorti. Mais au moment de redescendre, un gémissement leur parvint de la chambre de Maëlys.

- Tu rejoins tata Merwyn ma chérie ? Je vais m'occuper de ta soeur.

- Oui, manman !

La jeune fille redescendit donc prudemment les escaliers pendant que Mirka entrait dans la chambre de sa plus jeune fille. Elle la prit dans ses bras et lui embrassa le nez en souriant.

- Alors, on ne dort plus mon gros bébé ?

- Hi !! pigna l'intéressée en gesticulant, bien décidée à ce qu'on arrête de l'embêter.

Sa maman la posa donc au sol et la fillette s'empressa de filer vers la fenêtre pour regarder au dehors avec de gros yeux ronds, sûrement étonnée par le temps gris. Mirka jeta un coup d'oeil du côté du pot de chambre de l'enfant.

- Si tu as besoin de faire pipi, tu y vas maintenant, après on s'habille d'accord ?

Maëlys se résolut donc à aller s'asseoir sur le petit pot blanc, observant Mirka qui fouillait dans sa commode, d'un oeil attentif. Quelques minutes plus tard, la mère et la fille pouvaient enfin sortir, la petite à nouveau vêtue de vieilles braies raccommodées et d'une chemise ample de marin qu'elle affectionnait particulièrement.

En bas, Ange tentait de se rendre utile.

- Je peux t'aider, tata Merwyn ? demandait-elle. Je sais où maman elle range ses pots de lait, tu sais ! Mais... en fait... elle les cache. Parce que Maëlys elle en boit beaucoup beaucoup !

Un instant plus tard, une petite voix se fait entendre derrière Merwyn.

- Je peux t'aider, tata Merwyn ? Je sais où maman elle range ses pots de lait, tu sais ! Mais... en fait... elle les cache. Parce que Maëlys elle en boit beaucoup beaucoup !

La jeune femme se retourne en souriant.

Oui tu peut m'aider si tu veut. J'aie retenue de ma dernière visite ou ta mère range différents ustensile, mais la cachette du lait je ne m'en souvient plus. Si tu veut bien me montrer? les bols sont déjà sur la table et le pain coupé.
Tu crois qu'un œuf a la coque ferais plaisir a ta maman ? Dans ce cas tu pourrais aller en chercher dans le poulailler pendant que je fais chauffer le lait et l'eau.

Ange attendait avec attention la réponse à sa question.

Oui tu peut m'aider si tu veut. J'aie retenue de ma dernière visite ou ta mère range différents ustensile, mais la cachette du lait je ne m'en souvient plus. Si tu veut bien me montrer? les bols sont déjà sur la table et le pain coupé.

Elle hocha la tête et trottina jusqu'à la réserve avant de désigner une étagère de celles qui culminaient dans la petite pièce. Des formes modelaient une large pièce de tissu, révélant à demi les objets dissimulés en dessous. Ange chuchota :

- C'est là-haut ! Mais je suis trop petite pour l'attraper...

Merwyn s'en accommoda apparemment et la fillette pencha donc la tête sur le côté en écoutant sa question à elle.

Tu crois qu'un œuf a la coque ferais plaisir a ta maman ? Dans ce cas tu pourrais aller en chercher dans le poulailler pendant que je fais chauffer le lait et l'eau.

Elle réfléchit un moment en se mordillant la lèvre inférieure, puis finit par opiner sans certitude. Songeant que cela ferait certainement plaisir à sa maman, elle retourna avec allégresse dans la cuisine tout en s'exclamant :

- Je vais chercher des oeufs alors !

Quelques minutes plus tard, elle ouvrait tant bien que mal la porte donnant sur la cour, avant de la tirer sommairement derrière elle, renonçant à l'effort qui lui faudrait finir pour la fermer correctement. Ce qui l'embêtait surtout, c'est que sa maman elle avait pas de poulailler. Bah non parce qu'elle aimait que Mimosa, les autres poules ça l'énervait. La fillette s'accroupit d'ailleurs pour faire un câlin au coq qui venait la saluer. Elle enroula gauchement ses bras autour de son cou et gloussa avec amusement comme elle le faisait depuis toute petite. C'est que le coq avait souvent eu la charge de la surveiller pendant sa sieste par exemple alors qu'elle savait encore à peine marcher.
Elle le grattouilla derrière la tête et se releva en lui indiquant de la suivre d'un signe de la main. La fillette se dirigea alors courageusement vers la porte de la cour pour sortir de la maison. Le voisin il avait des poules... il pourrait donc sûrement lui donner quelques oeufs et sa maman elle lui donnerait des écus après. Ange se glissait par l'étroite ouverture, suivant Mimosa. Un large sourire fendait sa figure : elle allait aller faire son marché toute seule, comme une grande ! Elle prit Mimosa dans ses bras et le fit sauter dans les airs pour qu'il pousse la cloche qui préviendrait le voisin de son arrivée.

Aïe... Tu m'as griffée Mimo...

Le jeune coq avait effectivement un peu déchiré sa chemise au niveau de son avant-bras gauche et entaillé légèrement la peau... La petite ne se démonta pourtant pas. Ca saignait à peine. Elle pressa un peu sur la peau pour que ça ne saigne pas et puis elle attendit que le voisin lui ouvre.

De son côté, Mirka descendait, accompagnée de Maëlys. Elle trouva Merwyn dans la cuisine, occupée à préparer le petit-déjeuner. La maman la gratifia d'un sourire généreux et, après avoir aidé la plus petite à monter sur une chaise, elle s'empressa de venir en aide à sa filleule. Au bout de quelques secondes, elle regarda un peu autour.

- Ange n'est pas là ? demanda t-elle.

Mirka n'était pas inquiétée, elle n'avait jamais eu de problème avec ses filles, à croire qu'une bonne étoile les protégeaient tous dans cette famille. Enfin... presque. Elle eut une pensée fugace pour son frère, porté disparu en Bretagne. Elle songea avec amertume qu'il était parti avant même qu'Ange soit née et qu'il n'avait donc jamais connu ni l'une ni l'autre de ses deux nièces... Et puis un frisson la parcourut, comme si quelqu'un la secouait pour qu'elle revienne à la réalité, et un sourire heureux revint se peindre sur son visage.

Deux marmites, l'une de lait et l'autre d'eau commence a chauffer lorsque Mirka arrive avec Maelys. Dans une poêle quelque bardes de lard répandent une odeur alléchante et sur la table, une grosse tartine de beurre et confiture attend déjà la cadette des fillettes. Après quelque secondes , la jeune mère demande.

- Ange n'est pas là ?

Avec un sourire, Merwyn lui répond.

Elle vient de sortir dans le jardin et ne devrais pas tarder. Nous te préparons une surprise, qui je l'espère te feras plaisir.

Vérifiant que le lait est a la bonne température, elle en sert un bol a la petite et lui tend la tartine, puis vas jeter un œil par la porte , guettant le retour d'Ange.

Étrange... je pensais avoir fermé la porte de la cour en arrivant...

Elle vient de sortir dans le jardin et ne devrais pas tarder. Nous te préparons une surprise, qui je l'espère te feras plaisir.

Se contentant de cette réponse, la jeune femme acquiesce. Un sourire collé au visage, elle caresse doucement les cheveux de Maëlys qui dévore sa tartine avec appétit.

-Ca c'est une bonne maladie.

Mirka décide de s'asseoir et soupire. Depuis qu'elle est levée, de nouveau, elle n'arrête pas. Habiller les filles est épuisant, quoi que l'on puisse imaginer, surtout si la plus petite des deux se débat et réclame de rester en chemise de nuit... Aussi, elle profite de la présence de sa filleule pour souffler un peu, le temps du petit-déjeuner.

Cling ! clong ! Clang !

La cloche du voisin se balance toujours, mais elle commence à faire moins de bruit. Ange ne se départit pourtant pas de sa confiance et attend quelques instants de plus. Le voisin ne peut pas arriver en seulement quelques secondes. Mimosa picore à ses pieds on ne sait quelle graine qui traîne sur les pavés de la ruelle, la jeune fille se baisse et lui caresse doucement les plumes de l'aile gauche pour faire passer le temps. Quand soudain, la porte s'ouvre en grinçant un peu. Le voisin sort en marmonnant qu'un peu de graisse ne ferait pas de mal puis hausse un sourcil ne voyant personne. C'est que la marche de l'entrée est surélevée et qu'Ange est toute petite.

- C'est moi, monsieur Yvan ! Je suis là !

- Ma petite plume ! Qu'est-ce que tu viens chercher par ici dès le matin ? demanda le voisin en réceptionnant la fillette qui venait de lui sauter dans les bras.

C'était un grand et gros homme approchant de la quarantaine, au ventre proéminent, à la moustache glorieuse, mais d'une bonhommie attachante. Les filles se rendaient chez lui, parfois, et sa femme qui possédait la même générosité leur offrait alors le goûter. Mais on ne la rencontrera pas aujourd'hui.

- C'est parce que j'ai besoin d'un oeuf, Monsieur Yvan ! Un oeuf pour le petit-déjeuner de ma maman !

- Ha oui ? Hé bien on va aller te chercher ça alors !

Ange se retrouva bientôt hissée sur les épaules du voisin, qui contourna sa maison pour se rendre au poulailler, suivi de près par Mimosa qui se pavanait devant toutes les cocottes qui le dévoraient du regard. Monsieur Yvan se pencha et demanda à Ange de choisir l'oeuf qu'elle voulait. Alors, la fillette regarda dans la paille et tendit le doigt vers un bel et gros spécimen légèrement rosi, qu'elle finit par attraper.

- Tu as tout ce que tu voulais, ma plume ?

-Oui, monsieur Yvan ! Et je reviendrais avec des écus pour vous payer l'oeuf, parce que j'en ai pas aujourd'hui.

- Bien sur, je n'en doute pas, répondit-il avec un large sourire.

Ce n'était pas la première fois qu'il faisait crédit à la maison. D'ailleurs, c'était même presque de la donation à ce niveau là. Mais cela ne le dérangeait pas. Il n'était tout de même pas à un oeuf près.
La fillette finit par descendre des épaules du grand gaillard, après quoi elle appela Mimosa, qui tentait de rester avec ses poulettes. Le coq revint tout de même, et ils repartirent tous les deux. Ange tenait avec précaution l'oeuf entre ses petites menottes. Elle ne voulait pas le lâcher des yeux, de peur qu'il se casse, mais elle essayait en même temps de regarder le sol pour ne pas trébucher et tomber.
C'est finalement en voulant grimper vers la porte d'entrée de la cour qu'elle s'emmêla dans les pans de sa robe, buta contre une marche et tomba, bien en avant, s'étalant de tout son long dans la poussière. Pourtant, elle avait gardé l'oeuf en hauteur. Ses petites mains heurtèrent le sol mais il resta intact. La jeune fille, elle, s'était égratignée le menton et les coudes. Mimosa s'approcha d'elle et lui donna de petits coups de bec tout doux dans l'épaule, voulant s'assurer que tout allait bien.

La petite se redressa et quelques larmes roulèrent sur ses joues. Elle cria dans la cour pour qu'on vienne la chercher. Mirka sortit alors de la maison en se demandant ce qu'il se passait. Lorqu'elle vit Ange assise sur le sol de la cour les joues trempées et la robe sale et déchirée, elle fronça les sourcils mais s'approcha pour prendre la petite dans ses bras. Les pleurs se calmèrent rapidement et elle la fit rentrer dans la maison pour la soigner. La fillette insista pourtant pour donner son oeuf à Merwyn, à qui elle dit avec un sourire radieux :

- J'ai réussi, tata Merwyn !

Elle n'était peut-être pas arrivée toute seule jusqu'à la cuisine, mais Ange était fière d'avoir ramené son oeuf. Mirka en fut attendrie et cela lui rappela l'époque où, en taverne, elle avait recueilli son coq.
Elle lançait tous les oeufs en l'air, riant avec son ami Ferdy. Mais une lueur de panique était soudain passée dans les yeux de celui-ci quand il avait vu qu'il n'arriverait pas rattraper tous ceux qu'elle lui avait envoyés. Mirka avait alors rattrapé un unique oeuf, le seul survivant de la fratrie. Un poussin en était né, puis il avait grandi. Elle l'avait appelé Mimosa.

Merwyn vois Ange entrer sur le bras de sa mère, des larmes mouillent encore son visage dont le menton est égratigné. C'est pourtant avec un sourire jusqu'aux oreilles que la fillette lui tend son précieux fardeau.

- J'ai réussi, tata Merwyn !

La jeune femme prend l'œuf et le pose sur une assiette, puis se saisissant d'une serviette qu'elle trempe dans de l'eau, elle entreprend de nettoyer avec douceur la plaie et essuie le visage de l'enfant.

Mission accomplie .. bravo soldat. Mais dis moi tu as affrontée tout un régiment pour le rapporter ou quoi ?
On vas le faire cuire ensemble ..si c'est a la coque, je te montrerais un petit truc.

Puis se tournant vers Mirka, elle ajoute

Si dame la gouverneure voulais bien prendre place, son petit déjeuné seras bientot prêt. Cet œuf conquis de haute lutte, le prendras t elle a la coque,dur, mollet ou poché

Après avoir prélevé dans la marmite de quoi remplir les bols de tisane, elle attend que l'eau se remette a bouillir et que son amie répond a sa question.

Ange se laissa nettoyer la plaie sans broncher.

Mission accomplie .. bravo soldat. Mais dis moi tu as affrontée tout un régiment pour le rapporter ou quoi ?

Non... En fait... je suis tombée... murmura la fillette, un peu honteuse de s'être blessée de façon si banale. Ha oui ! Aussi Mimosa m'a coupé au bras avec son ergot... Mais c'était pas sa faute, il a pas fait exprès.

La soldate se pencha sur sa fille et observa ses bras. Elle remarqua rapidement la coupure et s'aperçut qu'Ange s'était également égratigné les coudes. Avec l'aide de Merwyn, les plaies de la fillette furent rapidement débarrassées de tous les gravillons et autres cochonneries qui avaient pu s'introduire là-dedans. Après le petit-déjeuner, Mirka désinfecterait mieux que ça les blessures, mais pour le moment cela ne pressait pas. Et Ange était toute heureuse d'avoir ramené cet oeuf.

On vas le faire cuire ensemble ..si c'est a la coque, je te montrerais un petit truc.
Si dame la gouverneure voulais bien prendre place, son petit déjeuné seras bientot prêt. Cet œuf conquis de haute lutte, le prendras t elle a la coque,dur, mollet ou poché ?

Mirka hocha la tête et s'assit à table pour commander son oeuf ! Elle fit mine de réfléchir, comme si elle ne savait pas que choisir, puis elle s'exclama finalement :

- Ce sera à la coque, s'il vous plaît !

Certes, Ange était encore un peu petite, mais la soldate se réjouissait de voir que déjà elle s'intéressait à tout, et entre autre à la cuisine pour le coup. Sa petite fille avait toute l'étoffe nécessaire pour devenir une belle et intelligente jeune femme.

- Alors ? Comment on fait tata Merwyn ?

Le gouverneur regarda du côté de Maëlys, celle-ci arrivait à la fin de sa tartine et elle s'était déjà beurrée presque l'intégralité des mains et une bonne partie du tour de la bouche. Mirka attrapa un linge humide pour lui retirer le plus gros, le temps qu'elle finisse, arrachant ainsi une moue d'étonnement à la petite, qui la fit rire.

La courageuse fillette lève des yeux curieux en demandant comment on fait un œuf coque. Ayant déjà préparée les outils nécessaires, Merwyn lui montre.

Alors pour commencer et c'est la le truc tu prend une aiguille et tu perce un petit trou dans le fond de l'œuf. C'est le coté le plus gros. Ça évite qu'il éclate en cuisant et c'est pareil pour un œuf dur. Ensuite tu le pose sur une cuillère pour le déposer dans l'eau sans te bruler. Puis vient le sablier. Si tu le laisse s'écouler entièrement ton œuf seras dur, un peu plus de la moitié , il seras mollet, et un peu moins il seras coque.

Joignant le geste a la parole, la jeune femme perce la coquille d'une minuscule ouverture puis tend la cuillère a Ange pour que celle ci puisse le mettre dans l'eau frémissante. Ceci fait, elle retourne le sablier en demandant a l'enfant de le surveiller. Pendant ce temps, elle prépare le coquetier et coupe des mouillettes. Une fois le temps écoulé, elle repêche l'œuf a l'aide de la cuillère et le met dans le coquetier qu'elle tend a la petite en disant

Voila. Maintenant tu peut l'apporter a ta maman.

Bien des semaines après.

Mirka, en partant en campagne avec la COLM, lui avait laissée les clefs de la maison et de l'atelier. La promesse qu'elle lui avais faite de l'aider a finir son projet, elle allais la tenir.

De bon matin, Merwyn entre donc dans la propriété. Alors qu'elle ouvre l'atelier, mimosa vient lui dire bonjour en picorant sa botte.

Devant elle s'étalent des trésors d'outils et de matériaux.
Deux longues solives comme brancard, deux entretoises, deux roues, des sangles identique a celles utilisées pour fixer les selles sur les montures, des ferrures et la voila sciant, clouant et assemblant a qui mieux mieux.
C'est en s'attelant elle même sous la sangle qu'elle mène le tout chez le vannier qui devras tresser les panières directement sur l'assemblage.
Une fois qu'elle l'auras récupéré de chez cet artisan, elle placeras sa création juste derrière les portes de l'atelier afin que sa marraine la découvre en rentrant.

Un dernier coup de balais, les outils ont retrouvé la place ou ils se trouvaient. C'est avec la joie d'une tâche accomplie qu'elle s'en retourne chez elle.

Ayant été voir les enfants de Mirka chez leurs nounou qui les garde depuis plus d'un mois, Merwyn décide de faire un saut a la maison de sa marraine. Ôter les toiles d'araignées , faire la poussière et passer un coup de balais, ce n'est pas du luxe après tout ce temps. Remplir la mangeoire de ce pauvre mimosa et lui faire un câlin. C'est qu'il doit se sentir un peu abandonné, le coq de basse cour sans basse cour. S'asseyant sur la marche de l'entrée, elle lisse du bout des doigts le plumage de la bête en espérant revoir bientôt la propriétaire des lieux.